Vous lirez dans plusieurs blogs et sites — dont les liens de notre précédent article au sujet du télétravail — des listes d’avantages et inconvénients au télétravail. Ils sont connus et apparemment triviaux : pas de temps de transport, mais pas de coupure vie pro/vie perso, moins d’arrêts maladie / plus dur de se lever le matin, plus de calme / trop de calme. Cette question ressemble à la question incontournable des entretiens d’embauche : « citez-moi 3 de vos qualités et 3 de vos défauts ».  C’est subjectif, relatif, et en général on a les défauts de nos qualités, non ?

Je pense personnellement que la question du télétravail ne doit pas se poser en terme d’avantages et d’inconvénients, mais en terme d’organisation personnelle et d’intégration à une équipe. Il faut soit très bien se connaître, soit apprendre à connaître sa façon de travailler.

Vocabulaire : IRL, in real life, ou « vie réelle » (à prononcer avec les guillemets). Cette expression n’est pas très appréciée des télétravailleurs, car elle a tendance à sous entendre que les échanges en télétravail ne font pas partie de la vraie vie. L’expression AFK, Away From Keyboard, ou  Loin du clavier est plus représentative de la situation de rencontre et d’échange de plusieurs personnes dans un même lieu physique — on ne peut bien entendu pas utiliser les expressions « rencontre physique » ou « échanges physiques » qui sont trop ambigus.

Vocabulaire : espace de coworking. Tiers-lieu — ni l’entreprise, ni la maison — dans lequel nous pouvons travailler, rencontrer d’autres personnes qui travaillent. Ces espaces ont en général des bureaux de différentes tailles, pour 2, 3 personnes, des open spaces, des canapés, des salles de réunions, une cafétéria, etc. Une tentative de définition plus complète a été rédigée ici.

Quelques questions à se poser :

  1. quel est mon rythme naturel de travail ? (je suis du matin, ça dépend, du soir, du week-end, j’ai besoin d’un rythme très régulier, etc.)
  2. de quelles quantité et qualité d’interactions avec les autres ai-je besoin ? (visuelle, audio, AFK — loin du clavier, donc — tous les jours, toutes les semaines, parfois plus, parfois moins, etc.)
  3. quelle est ma situation familiale (vie seule, en couple, en colocation, avec enfants, parents, voisins, animaux, radio, tv, roomba…)
  4. mon poste est-il très technique ou très fonctionnel, suis-je souvent au téléphone ?
  5. ai-je régulièrement des contacts AFK — loin du clavier, on va s’en souvenir —  avec les clients, les fournisseurs ? (présentations de produits, réunions projets, salons, formations)
  6. suis-je éloignée géographiquement de mes collègues (plus ou moins d’une heure de transport simple et bon marché — donc pas avion ni tgv, plutôt vélo, pieds, bus, métro, tram, voiture, scooter, moto, trotinette)
  7. est-ce que je sais organiser mon temps personnel sur la journée, la semaine, le mois ? (maîtrise des todolist, post-its et calendriers)
  8. est-ce que je peux facilement discuter avec un collègue pour lui demander des conseils ?
  9. quel type de management est pratiqué dans ma société ? (Le manager s’adapte à moi, mais je dois aussi m’adapter à mon manager)
  10. est-ce qu’il y a près de chez moi des cafés wifi calmes, dans lesquels je me sens capable de travailler ?
  11. est-ce qu’il y a près de chez moi un espace de coworking ?
  12. ai-je confiance en moi ? ai-je confiance en mon manager ?
  13. ai-je une activité extra-professionnelle, ou personnelle ? (prof de musique, fan de bricolage, supporter assidu d’une équipe de foot, pratiquant régulier de savate, animateur de communautés de logiciels libres, artiste, parent)
  14. est-ce que j’habite dans une zone très active culturellement ? suis-je éloignée de mes amis ou de ma famille ?
  15. ai-je une contrainte forte concernant mon lieu d’habitation ? (conjoint profession libérale, personne à charge, besoin de nature)

À Kelis, nous nous sommes spontanément posés ces questions. Elles nous permettent de trouver un meilleur équilibre, d’ajuster notre façon de télétravailler. Nous avons appris à savoir : quand nous avons besoin de demander de l’aide à un collègue ; quand nous avons envie de voir des gens, juste des gens, ou des collègues ; quand nous avons besoin de faire une pause ; quand nous sommes très productifs et quand nous ne le sommes pas vraiment. De nombreuses solutions existent, qu’elles soient dans notre vie privée, extra-professionnelle ou professionnelle. Je ne peux vous en conseiller aucune en particulier, tant elles dépendent de vos réponses à toutes les questions ci-dessus.

Notre taille, notre organisation, notre recherche constante de l’amélioration nous permettent d’adapter les solutions à chacun, que ces aménagements soient uniquement professionnels ou de l’ordre de la vie privée, ou extra-professionnelle.