Étiquette : culture d’entreprise

Non je ne télétravaille pas en pyjama, enfin si… mais on est dimanche.

ou Quelques idées reçues sur le télétravail.

« Le télétravailleur travaille en pyjama. » Rarement. Mais il ne travaille pas en tailleur ou en costume 3 pièces non plus. Il peut nous arriver de lire nos mails hors jour de travail, mais cela reste occasionnel (et maîtrisé).

« Le télétravailleur informaticien travaille la nuit ». Oui, si le petit dernier a une gastro, il fallait bien quelqu’un pour le garder l’après-midi. Et on a du travail à faire nous aussi, pour le lendemain.

« Être salarié télétravailleur, c’est être tout seul et avec beaucoup de stress ». Faux. Un salarié en télétravail a toute la structure de sa société derrière lui.

« Le télétravailleur mange n’importe quoi, n’importe quand ». C’est un mythe. Nous faisons attention à notre santé, nous ne mangeons pas toujours seuls. Nous mangeons même plus facilement équilibré vu que nous avons sous la main toute notre cuisine avec son réfrigérateur plein de légumes.

« Le télétravailleur ne s’arrête jamais, il ne compte pas ses heures ». À Kelis, du fait peut-être de notre organisation en télétravail complet pour toute la structure, nous faisons particulièrement attention à notre rythme et notre quantité de travail, ainsi qu’à ceux de nos collègues. Nous avons beaucoup de respect pour la vie privée des autres — pas d’appel à 22h pour demander de préparer une réunion chez un client qui aura lieu à 10h le lendemain matin, avec tous les rapports et présentations qui vont avec. Oui, à l’occasion, on peut dépasser notre charge habituelle de travail, mais tout cela est assez bien auto-contrôlé.

« Le télétravailleur ne travaille pas vraiment (puisqu’il est en pyjama, fait ses courses en journée, et fait même le ménage) ». Il parait qu’on dit la même chose des thésards. Quoi qu’il en soit, si c’était le cas, cela se verrait assez rapidement. Nos clients et les utilisateurs de nos logiciels sont satisfaits, c’est que le résultat est là.

« Le télétravailleur regarde beaucoup la tv ». Celui qui aime ça, oui, puisqu’on a plus de temps libre… Et celui qui adore aller au théâtre peut aussi plus facilement s’engager à assister à une représentation tôt dans la soirée — être à 19h30 en centre ville quand on travaille à près d’une heure du théâtre, cela peut-être parfois sportif *vécu*. Plus généralement, le télétravailleur a plus de temps à consacrer à ses différents passe-temps favoris.

Télétravail, adieu la machine à café !

« Comment vous organisez vous pour vous voir, échanger des informations ? » est une question qu’on nous pose assez fréquemment.

Dans les faits, nous organisons tous les 6 à 10 mois une réunion qui dure toute la journée et qui nous permet de manger tous ensemble en même temps, au même endroit, et de discuter de manière conviviale. Cela peut sembler peu, mais en dehors de ces réunions, nous avons plusieurs occasions de nous retrouver : des réunions chez un client, des coworking spontanés entre collègues, des salons, des formations, etc.

En dehors de ces moments AFK, nous échangeons beaucoup par messagerie instantanée et par VoIP (téléphone ou visio conférence). Nous échangeons essentiellement par courriel en dehors des heures officielles de travail, ou plus généralement — et comme toute personne dans n’importe quelle structure — lorsqu’un collègue est tout simplement absent.

Nous n’échangeons pas de documents par clé usb, mais via notre logiciel de messagerie instantanée lorsque le document est éphémère, ou via un serveur de données. De part notre structure en complet télétravail dès nos débuts, nous avons rapidement mis en place ce type de serveur (Subversion, Git, Scenari, FTP, Unison, Trac, Redmine, Owncloud…).

Nous avons des horaires plutôt classiques, qui s’imposent d’eux même du fait de notre vie privée ou de nos contraintes professionnelles — réunion, besoin de travailler en équipe, déplacements. Nous nous autorisons des absences en journées (léger coup de fatigue, rendez-vous), compensées dans la journée ou dans la semaine par une journée plus chargée, ou un travail à d’autres horaires. Un coup de fatigue qui dans une structure plus rigide nous obligerait à poser un jour de RTT ou de congés, est bien géré grâce au télétravail : nous répondons aux mails, au téléphone, nous ralentissons notre travail, pour mieux reprendre dès le lendemain.

En ce qui concerne les informations communiquées de manière informelle autour de la fameuse machine à café, je dois vous avouer que oui, je pratique la pause café — ou thé — par VoIP.

Télétravail : Avantages et inconvénients : un faux débat

Vous lirez dans plusieurs blogs et sites — dont les liens de notre précédent article au sujet du télétravail — des listes d’avantages et inconvénients au télétravail. Ils sont connus et apparemment triviaux : pas de temps de transport, mais pas de coupure vie pro/vie perso, moins d’arrêts maladie / plus dur de se lever le matin, plus de calme / trop de calme. Cette question ressemble à la question incontournable des entretiens d’embauche : « citez-moi 3 de vos qualités et 3 de vos défauts ».  C’est subjectif, relatif, et en général on a les défauts de nos qualités, non ?

Je pense personnellement que la question du télétravail ne doit pas se poser en terme d’avantages et d’inconvénients, mais en terme d’organisation personnelle et d’intégration à une équipe. Il faut soit très bien se connaître, soit apprendre à connaître sa façon de travailler.

Vocabulaire : IRL, in real life, ou « vie réelle » (à prononcer avec les guillemets). Cette expression n’est pas très appréciée des télétravailleurs, car elle a tendance à sous entendre que les échanges en télétravail ne font pas partie de la vraie vie. L’expression AFK, Away From Keyboard, ou  Loin du clavier est plus représentative de la situation de rencontre et d’échange de plusieurs personnes dans un même lieu physique — on ne peut bien entendu pas utiliser les expressions « rencontre physique » ou « échanges physiques » qui sont trop ambigus.

Vocabulaire : espace de coworking. Tiers-lieu — ni l’entreprise, ni la maison — dans lequel nous pouvons travailler, rencontrer d’autres personnes qui travaillent. Ces espaces ont en général des bureaux de différentes tailles, pour 2, 3 personnes, des open spaces, des canapés, des salles de réunions, une cafétéria, etc. Une tentative de définition plus complète a été rédigée ici.

Quelques questions à se poser :

  1. quel est mon rythme naturel de travail ? (je suis du matin, ça dépend, du soir, du week-end, j’ai besoin d’un rythme très régulier, etc.)
  2. de quelles quantité et qualité d’interactions avec les autres ai-je besoin ? (visuelle, audio, AFK — loin du clavier, donc — tous les jours, toutes les semaines, parfois plus, parfois moins, etc.)
  3. quelle est ma situation familiale (vie seule, en couple, en colocation, avec enfants, parents, voisins, animaux, radio, tv, roomba…)
  4. mon poste est-il très technique ou très fonctionnel, suis-je souvent au téléphone ?
  5. ai-je régulièrement des contacts AFK — loin du clavier, on va s’en souvenir —  avec les clients, les fournisseurs ? (présentations de produits, réunions projets, salons, formations)
  6. suis-je éloignée géographiquement de mes collègues (plus ou moins d’une heure de transport simple et bon marché — donc pas avion ni tgv, plutôt vélo, pieds, bus, métro, tram, voiture, scooter, moto, trotinette)
  7. est-ce que je sais organiser mon temps personnel sur la journée, la semaine, le mois ? (maîtrise des todolist, post-its et calendriers)
  8. est-ce que je peux facilement discuter avec un collègue pour lui demander des conseils ?
  9. quel type de management est pratiqué dans ma société ? (Le manager s’adapte à moi, mais je dois aussi m’adapter à mon manager)
  10. est-ce qu’il y a près de chez moi des cafés wifi calmes, dans lesquels je me sens capable de travailler ?
  11. est-ce qu’il y a près de chez moi un espace de coworking ?
  12. ai-je confiance en moi ? ai-je confiance en mon manager ?
  13. ai-je une activité extra-professionnelle, ou personnelle ? (prof de musique, fan de bricolage, supporter assidu d’une équipe de foot, pratiquant régulier de savate, animateur de communautés de logiciels libres, artiste, parent)
  14. est-ce que j’habite dans une zone très active culturellement ? suis-je éloignée de mes amis ou de ma famille ?
  15. ai-je une contrainte forte concernant mon lieu d’habitation ? (conjoint profession libérale, personne à charge, besoin de nature)

À Kelis, nous nous sommes spontanément posés ces questions. Elles nous permettent de trouver un meilleur équilibre, d’ajuster notre façon de télétravailler. Nous avons appris à savoir : quand nous avons besoin de demander de l’aide à un collègue ; quand nous avons envie de voir des gens, juste des gens, ou des collègues ; quand nous avons besoin de faire une pause ; quand nous sommes très productifs et quand nous ne le sommes pas vraiment. De nombreuses solutions existent, qu’elles soient dans notre vie privée, extra-professionnelle ou professionnelle. Je ne peux vous en conseiller aucune en particulier, tant elles dépendent de vos réponses à toutes les questions ci-dessus.

Notre taille, notre organisation, notre recherche constante de l’amélioration nous permettent d’adapter les solutions à chacun, que ces aménagements soient uniquement professionnels ou de l’ordre de la vie privée, ou extra-professionnelle.

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